Obligations en matière de protection des données personnelles
Vérifié le 01 avril 2022 - Direction de l'information légale et administrative (Premier ministre), Ministère chargé de la justice
La collecte et le traitement de données personnelles (nom, prénom, adresse, numéro de sécurité sociale,... ) sont soumis à des obligations destinées à protéger la vie privée et les libertés individuelles des personnes dont les données sont collectées.
La réglementation accorde des droits aux personnes dont les données sont collectées et imposent des obligations aux entreprises qui collectent ces informations.
En cas de non-respect par une entreprise, le règlement général sur la protection des données (RGPD) prévoit des sanctions qui peuvent être importantes.
Il s'agit de toutes informations se rapportant à une personne physique identifiée ou identifiable, directement ou non, grâce à un ou plusieurs éléments permettant de le rattacher personnellement à une donnée.
C'est le cas par exemple d'un nom, d'un prénom, d'un numéro de téléphone, d'une adresse électronique, d'un numéro de carte d'identité et/ou de sécurité sociale, d'une adresse IP, d'une photo, d'un profil sur un réseau social.
Les règles de protection des données personnelles s'appliquent en cas de collecte, d'utilisation et de conservation quelque soit le support adopté (papier, numérique,...).
Il s'agit de l'utilisation qui est faite des données personnelles (exemple : intégration dans un mailing pour un démarchage commercial, envoi d'information ciblée, envoi d'une newsletter, cookies de navigation).
Conditions de validité de la collecte et du traitement
Les données personnelles doivent être :
Collectées avec le consentement des personnes concernées
Traitées de manière licite (autorisées par la loi), loyale et transparente
Collectées pour une ou plusieurs finalités précises (une connaissance client, traitement plus efficace)
Adéquates, pertinentes et limitées aux finalités du traitement
Exactes et tenues à jour
Conservées de façon temporaire (elles doivent être supprimées au bout d'un certain ou anonymisées pour un traitement statistique) et sécurisée (mesures de protection prises pour l'accès à ces données, habilitation...).
Mesures à mettre en œuvre pour le traitement des données
Les mesures que l'entreprise doivent mettre en place sont les suivantes :
Désignation d'un délégué à la protection des données (DPO : data protection officer)
Tenue d'un registre des traitements opérés par l'entreprise
Documentation des différents traitements réalisés (étude d'impact : description des données collectées, de leurs finalités, de leurs impacts pour les personnes concernées et des mesures mises en œuvre pour limiter ces impacts)
Mise en place des procédures pour permettre l'exercice des droits des personnes dont les données sont collectées (exemple : droit de s'opposer à l'utilisation des données collectées)
Identification des responsables du traitement
Le RGPD s'applique à tous les organismes qui procèdent au traitement de données à caractère personnel, quelque soit leur implantation géographique.
Les personnes suivantes sont ainsi concernées :
Responsables de traitement et leurs sous-traitants (hébergeurs, intégrateurs de logiciels, agences de communication entre autres) établis dans l'Union européenne (UE), quelque soit le lieu de traitement des données
Responsables de traitement et leurs sous-traitants établis hors de l'UE, quand ils mettent en œuvre des traitements visant à fournir des biens ou des services à des résidents européens. C'est également le cas lorsqu'ils les ciblent avec des techniques d'intelligence artificielle (par exemple : profilage).
En pratique, le règlement de protection des données s'applique donc à chaque fois qu'un résident européen, quelle que soit sa nationalité, est directement visé par une collecte ou un traitement de données. Y compris par internet ou par le biais d'objets connectés (appareils domotiques, objets mesurant l'activité physique par exemple).
Les personnes dont les données sont collectées bénéficient de plusieurs droits.
Elles peuvent les exercer auprès du responsable de traitement.
Le nom et l'adresse de ce dernier doivent figurer sur les sites visités et dans les contrats conclus.
Elles peuvent également engager une action de groupe devant les tribunaux.
Droit d'accès
Les personnes dont les informations sont collectées et traitées peuvent demander l'accès aux données les concernant à tout moment et sans limitation.
Droit de rectification et d'opposition
Les personnes dont les données sont collectées et traitées peuvent demander la rectification des données conservées.
Ils peuvent également s'opposer à leur utilisation.
Droit à la portabilité
Toute personne peut récupérer, sous une forme réutilisable, les données qu'elle a fournies, et les transférer ensuite à un tiers (réseau social par exemple).
Droit à l'oubli
Toute personne a droit à l'effacement de ses données et au déréférencement (droit de demander à un moteur de recherche de supprimer certains résultats associés à ses noms et prénoms).
Droit à notification
En cas de violation de la sécurité des données comportant un risque élevé pour les personnes, le responsable du traitement doit les avertir rapidement, sauf dans certaines situations (données déjà chiffrées par exemple).
Il doit également le notifier à la Cnil dans les 72 heures.
Tel est le cas d'une banque, victime d'une intrusion dans son système informatique client. Elle doit informer ces derniers que des tiers ont pu accéder à leurs données personnelles.
Droit à réparation du dommage matériel ou moral
Toute personne qui a subi un dommage matériel ou moral du fait de la violation du règlement européen peut obtenir du responsable du traitement (ou du sous-traitant) la réparation de son préjudice.
Tel est le cas par exemple d'une personne dont un problème de santé aurait été révélé.
Action de groupe
Toute personne peut mandater une association ou un organisme actif dans le domaine de la protection des données pour faire une réclamation ou un recours et obtenir réparation en cas de violation de ses données.
Obligation générale de sécurité et de confidentialité
Le responsable du traitement des données doit mettre en œuvre les mesures de sécurité des locaux et des systèmes d'information pour empêcher que les fichiers soient déformés, endommagés ou que des tiers non autorisés y aient accès.
Il doit prendre toutes les mesures nécessaires au respect de la protection des données personnelles dès la conception du produit ou du service.
Ainsi, il est obligé de limiter la quantité de données traitées dès le départ (principe dit de minimisation) et doit démontrer cette conformité à tout moment.
L'accès aux données est réservé uniquement aux personnes désignées ou à des tiers qui détiennent une autorisation spéciale et ponctuelle (service des impôts par exemple..
Le responsable des données doit fixer une durée raisonnable de conservation des informations personnelles.
À savoir
les obligations déclaratives sont toutes supprimées, sauf exceptions prévues par le droit national (certains traitements dans le secteur de la santé ou de la sécurité publique mis en œuvre pour le compte de l'État).
Obligation d'information
L'entreprise qui détient des données personnelles doit informer la personne concernée des informations suivantes :
Identité du responsable du fichier
Finalité du traitement des données
Caractère obligatoire ou facultatif des réponses
Droits d'accès, de rectification, d'interrogation et d'opposition
Transmissions des données
Utilisation des données de navigation (cookies)
La personne qui traite les données personnelles (un commerçant en ligne par exemple) doit respecter certaines obligations. Notamment :
Recueillir l'accord préalable des clients
Informer les clients de leurs droits d'accès, de rectification, d'opposition et de suppression des informations collectées
Veiller à la sécurité des systèmes d'information
Assurer la confidentialité des données
Indiquer une durée de conservation des données
L'objectif de la collecte d'informations doit être déterminé, et les données collectées doivent correspondre à cet objectif.
À savoir
l'âge à partir duquel un mineur peut consentir seul au traitement de ses données personnelles (majorité numérique) pour utiliser un service sur internet (les réseaux sociaux par exemple), est fixée à 15 ans. L'autorisation des parents est nécessaire avant cet âge. L'information sur le traitement de données du mineur doit être rédigée en termes clairs et simples.
Réalisation d'analyse d'impact
Dès lors que le traitement des données présente un risque pour les droits et libertés des personnes, le responsable du traitement doit mener une analyse d'impact sur la vie privée (PIA).
Cette analyse d'impact vise à évaluer l'origine, la nature, la particularité et la gravité de ce risque sur les droits et les libertés des personnes.
Si l'étude d'impact met en évidence un risque élevé (par exemple : utilisation de données bancaires ou usurpation d'identité) pour les personnes malgré les mesures mises en place pour en diminuer l'impact, laCnildoitêtre informée.
L'évaluation dans le cadre de l'analyse d'impact doit porter sur les éléments suivants :
Collecte d'Informations sensibles (origine, opinions politiques, religieuses, syndicales, habitudes sexuelles, santé), biométriques ou génétiques notamment
Existence d'une évaluation des personnes (profilage par exemple)
Réalisation de fichiers ayant une finalité particulière (études statistiques de l'Insee, traitements de recherche médicale par exemple)
Transferts de données hors de l'Union européenne
À noter
les transferts de données hors de l'UE ne sont plus interdits, mais ils doivent respecter plusieurs conditions, notamment que le pays tiers présente un niveau de protection adapté, selon la Commission européenne.
Une autorisation de la Cnil est nécessaire si des clauses contractuelles diffèrent des clauses de la Commission européenne.
Les données transférées restent soumises au droit de l'UE non seulement pour leur transfert, mais aussi pour tout traitement / transfert ultérieur.
Désignation d'un délégué à la protection des données (DPO)
L'entreprise qui réalise des traitements de données et les sous-traitants doivent désigner un délégué à la protection des données (DPO) dans les cas suivants :
Leur activité fait partie du secteur public
Leur activité principale amène un suivi régulier et systématique de personnes à grande échelle
Leur activité principale amène le traitement à grande échelle de données sensibles ou relatives à des condamnations pénales et infractions
Le DPO est chargé des missions suivantes :
Informer et de conseiller le responsable de traitement (ou le sous-traitant) et ses employés
Contrôler le respect du règlement européen et du droit français en matière de protection des données
Conseiller l'organisme sur la réalisation d'une analyse d'impact et d'en vérifier l'exécution
Coopérer avec l'autorité de contrôle et d'être son contact.
Le DPO doit avoir les qualités et compétences suivantes :
Communiquer efficacement et exercer ses fonctions en toute indépendance (ne pas avoir de de conflit d'intérêts avec ses autres missions)
Avoir une expertise en matière de législations et pratiques (protection des données), acquise notamment par une formation continue
Avoir une bonne connaissance du secteur d'activité et de l'organisation de l'organisme (opérations de traitement, systèmes d'information et besoins de l'organisme en matière de protection et de sécurité des données)
Avoir une position efficace en interne pour faire un rapport au niveau le plus élevé de l'organisme
Animer un réseau de relais au sein des filiales d'un groupe par exemple et/ou une équipe d'experts en interne (expert informatique, juriste, expert en communication, traducteur par exemple)
Le DPO peut être une personne issue du domaine technique, juridique ou autre.
Tenue d'un registre des traitements des données
Entreprise de moins de 250 salariés
Autre cas
Elle doit seulement inscrire au registre les traitements suivants :
Traitements non occasionnels
Traitements qui peuvent comporter un risque pour les droits et libertés des personnes
Traitements qui portent sur des données sensibles
L'entreprise a l'obligation de tenir un registre de l'ensemble des traitements.
En cas de violation du règlement, la Cnil peut prononcer des amendes administratives qui peuvent atteindre, selon la catégorie du manquement, 2 % à 4 % du chiffre d'affaires annuel mondial de l'exercice précédent.
C'est la Cnil qui adresse un courrier au responsable de traitement lui indiquant la sanction.
Des sanctions pénales peuvent également s'ajouter à ces sanctions administratives. C'est le cas des infractions liées à la discrimination, des infractions de mise en danger en cas de mesures de protection insuffisantes (exemple : révélation de l'adresse d'une personne).
Enfin, les victimes peuvent demander des dommages et intérêts devant les juridictions civiles ou pénales.